
Plus de vingt ans après ses 20 ans, Pablo Servigne revient sur son enfance à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et ses années d’études en Belgique, et oscille entre le récit d’un parcours tantôt docile, tantôt rebelle – entre l’envie d’être grand-père et celle de défiler dans la rue avec les plus jeunes.
LE MONDE : "Dans quel univers avez-vous grandi ?"
Dans trois écosystèmes très différents, avec mon petit frère et mes deux parents ingénieurs. Quelques années près de Cherbourg, tout proche de la nature ; en Colombie, où l’on allait souvent puisque ma mère est de là-bas. Mais la plupart du temps, j’ai vécu à Saint-Germain-en-Laye, où je me suis profondément ennuyé. Une petite banlieue bourgeoise où il ne se passait rien : l’ennui monstrueux, mortel.
A l’époque, je détestais lire. Personne ne m’a fait aimer la lecture alors que j’aurais pu lire tellement pendant toutes ces années ! Je me suis gavé de télévision. J’ai l’impression d’avoir gaspillé mon temps.