Depuis le Moyen Âge, le concept du “bien-manger” est une préoccupation de nobles. La plupart des Français sont des paysans, et leur priorité, c’est de manger tout court. Avec l’invention du restaurant émerge une idée nouvelle : celle de payer pour apprécier un mets unique.
Jusqu’ici, manger à l’extérieur était une activité réservée aux voyageurs. Si l'on mangeait déjà dans des tavernes ou des auberges sur des tables collectives, la cuisine consistait le plus souvent en un plat unique dont la principale qualité était de tenir au corps, mais pas de régaler les papilles.
En 1765, Mathurin Roze de Chantoiseau ouvre le premier restaurant moderne dans le quartier du Louvre à Paris. Ce qu'il propose est un service révolutionnaire : des tables individuelles et des plats à choisir sur un menu.
Égalitariste dans l'âme, celui que l'on surnomme "Roze" ouvre le premier restaurant mais n'est ni cuisinier ni gastronome. L'homme est économiste et voit dans cette idée l'opportunité d'abolir les privilèges de l'Ancien Régime.
Mathurin Roze de Chantoiseau invente le concept mais va aussi figer le terme de “restaurant”. Il grave sur sa devanture une phrase biblique en latin : “Venez à moi, ceux dont l’estomac souffre, et je vous restaurerai”. Mais à l’époque, le “restaurant” désigne étonnamment le plat plutôt que le lieu.