
Le clash cette semaine entre Serge Letchimy et Claude Guéant a une nouvelle fois montré combien il est difficile en France d’utiliser certains mots, comme camp de concentration, sans que cela ne vire à la polémique. J’en ai, moi-même, fait l’expérience lors de la sortie de mon livre "Noirs dans les camps nazis". OR, QU’ON LE VEUILLE OU NON, COMME L’A RÉVÉLÉ CET OUVRAGE, LE TERME CAMP DE CONCENTRATION NE SE RAPPORTE PAS QU’À LA SEULE SHOAH. LES ALLEMANDS, POUR NE CITER QU’EUX, ONT CONSTRUIT LEURS PREMIERS CAMPS DE CONCENTRATION, DÈS 1904, EN TERRE AFRICAINE, EN NAMIBIE, UNE DE LEUR COLONIE, DONT LE PREMIER GOUVERNEUR FUT HEINRICH GOERING, LE PÈRE D’HERMANN GOERING, LE GRAND DIGNITAIRE NAZI. DANS CES CAMPS BARBELÉS, SOIXANTE MILLE HOMMES, FEMMES, ET ENFANTS, DE L’ETHNIE HERERO, ONT ÉTÉ PARQUÉS ET MASSACRÉS. TATOUÉS DÈS LEUR ARRIVÉE, MAL NOURRIS, DÉCHARNÉS, ASTREINTS À DES TRAVAUX FORCÉS, ILS ÉTAIENT SOUMIS À TOUTES SORTES D’EXPÉRIENCES SCIENTIFIQUES, AVANT DE FINIR PENDUS. C’est le silence coupable sur ces atrocités, qui touchaient des Africains, mais aussi la banalisation des crimes coloniaux, commis par les nations européennes, qui ont encouragé, plus tard, Adolf Hitler à ériger des "Konzentrationslager" à grande échelle, avec l’horreur que l’on sait. Dire cela, simplement, sans arrière pensées, rappeler cette chronologie des faits, c’est faire preuve de pédagogie et contribuer à faire reculer cette désastreuse "concurrence des victimes". Personnellement, je pense que la Shoah n’appartient pas aux seuls Juifs, pas plus que l’esclavage aux Noirs, ou le génocide de 1915 aux Arméniens. Nous sommes tous dépositaires de ces crimes contre l’Humanité et nous ne pourrons vivre, ensemble, réconciliés, demain, que si chacun d’entre nous se sent concerné par la mémoire et l’Histoire de l’autre. Source: FB de Serge Bilé.