
La révolte du papier timbré, ou des bonnets rouges, qui éclate en Bretagne en juillet 1675 est la dernière grande révolte populaire du XVIIe siècle en France. Louis XIV, en guerre avec les Provinces-Unies, a besoin d’argent. Pour y remédier, Colbert décide de vendre des offices, d’augmenter les impôts (taille, aides, gabelles…) et d’en inventer d’autres : taxe douanière, taxe sur la vaisselle d’étain, sur le papier timbré… Cette dernière mesure, qui oblige à timbrer les actes notariés, entraîne une vague de protestations en Bretagne, une province rattachée relativement récemment à la couronne française (1532) et qui connaissait jusqu’alors un régime d’exemptions et de libertés. Ces impôts décidés sans concertation et sans l’aval des états de la province de Bretagne provoquent des soulèvements tout d’abord urbains (Rennes, le 18 avril 1675, Nantes, Dinan, Vannes, Guingamp…), puis enfin villageois.
La répression se met rapidement en place mais, pendant plus de trois mois, les autorités constituées (le gouverneur, le duc de Chaulnes, les lieutenants de haute et de basse Bretagne) sont incapables de maîtriser la situation. D’autant qu’à partir de juillet, ces soulèvements antifiscaux prennent une dimension antinobiliaire avec des insurgés qui veulent forcer les seigneurs à renoncer aux prélèvements domaniaux. Ils rédigent même un « code paysan », réclamant à la fois « la liberté de la province armorique » et la suppression des droits seigneuriaux. Ces mouvements de contestation de l’autorité du roi et de l’ordre social sont violemment réprimés : le parlement de Rennes, jugé trop laxiste, est exilé à Vannes, et le duc de Chaulnes, qui a obtenu des renforts militaires, pratique procès expéditifs et exécutions sommaires. L’ensemble de ces mesures ramène bientôt le calme et la soumission.