
La physiocratie est une école de pensée économique, politique et juridique, née en France à la fin des années 1750.
La physiocratie constitue aussi un important courant de réforme du droit et de la politique au xviiie siècle, du fait de leurs théories du droit naturel et du despotisme légal. Le mouvement physiocratique connaît son apogée au cours de la seconde moitié du xviiie siècle, pour devenir économiquement caduc avec le développement de l'industrie et la progression des échanges commerciaux internationaux.
Les physiocrates sont généralement considérés comme les fondateurs de la science économique et les précurseurs du libéralisme économique. Ils estiment que la seule activité réellement productive est l'agriculture car seule la terre produit des richesses renouvelables.
L'exploitation des ressources naturelles explose ensuite avec le développement du capitalisme, mais la réflexion qui l'entoure est en réalité bien plus ancienne qu'on ne le pense.
L'expression "économie de la nature" a surgi dans le vocabulaire des sciences au XVIIIe siècle, bien avant que le néologisme "écologie" ne s'impose plus d'un siècle et demi plus tard. Chez Charles Darwin, par exemple, l'économie de la nature désigne l'organisation des relations entre les espèces au vu du climat, du territoire et de l'évolution. Cette économie est donc un ensemble d'interactions entre toutes les espèces, dont les humains. On est bien loin de la définition actuelle de l'économie, largement associée à l'argent, la production, la consommation, le travail et même le capitalisme.
Selon Antoine Missemer, chargé de recherche CNRS et auteur de l'étude "La mise en économie de la nature, contrepoints historiques et contemporains" :
"On a tendance à considérer que la marchandisation de la nature est un phénomène récent, dynamisé profondément par le tournant néo-libéral dans les années 1980. C'est vrai que de nombreux outils de protection de l'environnement peuvent aller dans cette direction. Mais il y a aussi une série de processus de marchandisation, de privatisation et même de financiarisation, de la nature, qui s'opère dès le XVIIIe siècle. En Angleterre, par exemple, cela passe par la privatisation des forêts dès cette époque."
https://www.cairn.info/revue-economique-2019-1-page-97.htm
Très vite, cependant, les physiocrates, premiers "économistes", dévoient la définition des naturalistes pour fonder une science de l'agriculture subordonnée à de prétendues lois du marché. Ils attachent notamment une importance prépondérante au droit de propriété. Au XIXe siècle, ensuite, Haeckel donne naissance à l'écologie en la définissant comme "une économie de la nature". Dès lors, les écologues se mettent à utiliser des concepts empruntés à l'économie, tels que les notions de productivité, de consommation ou de richesse.
Antoine Missemer : "Il y a eu, tout au long du XVIIIe siècle, des alertes de plus en plus fortes sur les conséquences de l'activité humaine sur la nature, mais principalement du côté des naturalistes. Du côté des économistes, les alertes sont beaucoup plus circonstanciées. Par exemple, la question du charbon qui se raréfie ne les inquiète pas dans l'absolu mais parce qu'un charbon plus rare est plus cher, et donc l'économie est moins compétitive. La finalité de leurs préoccupations est économique."
Antoine Missemer encore :
"Dès le XVIIIe siècle, l'histoire des idées environnementales est fondée sur une opposition structurante entre une vision utilitariste, qui consiste dans la valorisation et l'exploitation de la nature, et une vision contemplative de celle-ci."
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